Pourquoi avons nous bouleversé le champ si nous prônons une approche de Maraichage sur sol vivant?
T'est-il déjà arrivé de te faire un plan de match et de te rendre compte à la fin que le plan fût complètement différent de celui anticipé?
C'est un peu cela qui est arrivé lors du drainage de notre champ pour le préparer à la plantation d'arbres fruitiers.
Dans notre précédent article sur La création du jardin avec les techniques de sol vivant: 1er partie nous avons expliqué pourquoi le non-travail du sol est important pour ne pas bouleverser toute la flore qui y habite. Le maraîchage sol vivant était donc LA méthode que l'on voulait adopter pour notre ferme.
🌱 Première observation: Défis et découverte du printemps à La Ferme Végétale
Lors du premier printemps à La Ferme Végétale, j'avais constaté que le champ avait des difficultés à évacuer l'eau, créant des flaques persistantes, même après la fonte des neiges. Le bas du champ, proche de la maison, était particulièrement affecté.
Durant l'été, le foin d'eau envahissait toute la première moitié du champ, une plante qui pousse principalement dans des zones humides.
Cette plante était donc un bon indicateur d'une nappe phréatique élevée dans cette partie du champ.
En agriculture, lorsqu'on parle de nappe phréatique, il est important de savoir q'on parle du niveau auquel l'eau persiste dans le sol, même quand la surface semble sèche.
L'ancienne propriétaire nous avait d'ailleurs conseillé, à moi et à ma conjointe, de planter nos arbres en haut du champ, loin de cette nappe phréatique haute.
C'est ce qu'elle avait elle même fait, pour planter les camerisiers, suivant les conseils des agronomes.
Les racines des arbres, en grandissant dans un sol toujours gorgé d'eau, sont privées d'air car l'eau occupe tout l'espace normalement occupé par l'air. Cette saturation d'eau entraîne souvent un manque d'oxygène pour les racines, causant leur affaiblissement et, dans de nombreux cas, la mort de l'arbre.
Donc, si toi non plus tu ne le savais pas, les racines respirent et ont besoin d'air dans le sol pour bien croître.
Planification stratégique pour la plantation d'arbres fruitiers 🌳
Nous voulions évidemment une solution plus viable pour planter des arbres sur l'ensemble du terrain.
Nous avons élaboré un plan pour drainer progressivement le champ, en tenant compte des analyses de sol et des conseils du MAPAQ (Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation) . J'avais d'abord prévu faire les travaux progressivement par moi-même au fil des ans mais je me suis vite aperçu de l'ampleur de la tâche! J'ai finalement opté pour la sous-traitance pour exécuter les travaux en entier.
Avec l'aide du MAPAQ, nous avons fait réaliser les travaux de drainage par l'entreprise culture M.B, une entreprise située près de ma ferme.
Les travaux ont été réalisés en automne 2022.
Tout de suite après les travaux, même si le champ avait l'air sec, nous avons pu constaté que l'opération avait porté fruit. En effet, la quantité d'eau évacuée par la sortie de drainage était impressionnante et ce, durant plusieurs jours.
Cela confirmant la saturation en eau de notre parcelle de terre.
Sur ces 3 photos, on observe les travaux exécutés par culture MB dans le champ de La Ferme Végétale.
Naviguer à travers les défis du drainage 💧
Suite au drainage, le moins qu'on puisse dire était que notre paysage avait bien changé. En effet, de gros sillons avaient été laissés par les machines et c'était vraiment désolant. Avec l'espoir de remettre le sol au niveau, au printemps 2023, j'ai tenté de passer avec mon tracteur 34 hp équipé d'un rotoculteur. De cette manière, je voulais réduire le travail de sol sur l'espace des sillons seulement et non sur la totalité du champ comme me proposait culture MB.
Oufff...! Je tiens à vous dire que j'ai eu peur pour ma vie lors de l'expérience.
Les sillons étaient tellement gros pour mon tracteur que juste le fait d'essayer de passer dessus ou entre ceux-ci, risquait de faire basculer le tracteur à tout moment.
J'ai donc abandonné cette option.
J'ai par la suite demandé l'aide de mon voisin agriculteur, qui avait de plus gros tracteurs que moi, pour essayer de venir avec des outils pour casser la butte. Cela n'a pas fonctionné non plus. La butte ne bougeait pas d'un poil.
J'ai fini par appeler culture MB.
Quelqu'un de la compagnie est venu me faire la visite de la ferme pour voir ce qu'il pouvait faire. J'aurais aimé qu'il laboure sur les sillons seulement mais ce n'était pas possible selon lui. C'est donc un labourage du champ au complet qui a été fait.
Je suis donc revenu ,un soir après le travail, avec un champ labouré et hersé au complet.
Pour ne pas bouleverser la vie du sol de mon champ, c'était manqué. 😓
Sur ces 2 photos, on voit Culture MB qui laboure et herse le champ de La Ferme Végétale.
Travail de sol pour remodeler le terrain
De loin, le champ semblait en bon état pour être travaillé, mais lorsque je m'approchais, il y avait des tas de bosses et mottes de foins énormes partout.
Ce sont de gros tracteurs de plus de 150 hp qui étaient venus faire les travaux et c'était très grossier comme travail. C'est un résultat normal pour ce genre d'opération, bien sûr, mais cela signifiait que le travail n'était pas terminé. Je ne voulais pas avoir un champ rempli de bosse pendant 50 ans et surtout, je ne voulais plus jamais avoir à travailler le sol.
J'ai donc retravaillé pendant plusieurs jours avec mon tracteur 34 hp tout le champ pour tenter de réduire les bosses au maximum et d'avoir un sol à un niveau acceptable.
J'étais dans le travail intense du champ, je voulais m'assurer de le faire seulement une fois dans ma vie.
Sur ces 3 photos, on voit les travaux faits avec mon tracteur, notamment du rotocultage et du nivellement.
🌿Semis à la volée: Relancer la vie du sol après le bouleversement
Après tout ce travail, le sol était entièrement laissé a nu et il était hors de question de le laissé longtemps dans cet état.
Une période de sécheresse dans ces conditions de sol peut encore plus dommageable pour l'ensemble de la vie du sol.
J'ai commandé des graines à la coop Nutrinor et j'ai semé l'ensemble du champ avec mon tracteur 34 hp.
J'ai choisi de semer à la volée un mélange de trèfle, millet, seigle d'automne, avoine et sarrasin. Cette méthode consiste à simplement lancer les graines sur le sol.
Je tiens à dire que les conditions météo ont été idéales pour les graines suite à la plantation. Il y a eu beaucoup de pluie et le taux de germination à été excellent.
Certaines zones restent clairsemées mais je crois plutôt que n'ai pas lancé de graines à ces endroits.
J'ai semé un nouveau mélange de graines en 2024.
Embrasser l'imprévu
Après cette aventure, j'ai constaté que le plan initial avait changé significativement. Souvent, il y a un grand écart entre ce que l'on prévoit et ce qui se réalise réellement.
Cette expérience m'a obligé à m'adapter continuellement et à ajuster de nombreux aspects du projet en fonction des circonstances imprévues. Je dirais même que l'agriculture nous apprend immanquablement à embrasser l'imprévu.
As-tu déjà vécu une situation semblable à la mienne ?
Si oui, n'hésite pas à m'en parler en privé. Je serais ravi d'en discuter avec toi.
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